HEART AND EYES WIDE OPEN
- leabataille
- Apr 16, 2021
- 6 min read
Updated: Apr 20, 2021

UUUUuuuUUuh she back and she French, it’s been a minute. Where have I been physically? Gone. Emotionally? ALL OVER THE PLACE. I was at a tricky point in terms of inspiration for this little platform. In the midst of my life imploding and my usual compasses being turned upside down (read, what felt familiar wasn’t anymore and my vision of what is good and bad is currently challenged), I found myself facing a truth that I’ve been avoiding for 26 years… I am a VERY sensitive individual. Not sensitive as in I take things personally and go crazy every chance I get, sensitive as in when I feel something, whether I like it or not, it comes to bite me in the ass because it completely takes over my whole body and prevents me from acting “normal”. I could numb/ ignore whatever was going on inside for a good 10 years (and as a result be widely successful as being a sarcastic bitch most of the time), but during/ after the pandemic … man, I feel like a slave to my emotions. Now if I don’t acknowledge that I feel frustrated or I ignore the intel from my body telling me that something is wrong, I’ll just get a drop in energy, 0 capacity for being social or productive. If it means that joy, infatuation, love are really intense for me (and when I say intense … I swear I had withdrawal syndromes when I got out of some of the exciting situationships I’ve been in), it also means that I feel deeply stuff like nostalgia, sorrow, hurt and that suuuuuuuuuucks. Long story short, the only thing I know that calms me down or helps me process stuff is to write, in French. I have the project , one day, to release a whole book on what seeing the world through my lenses means. But for now, I have a good repository in my writing notepad of brief glimpses of how I feel about beauty, love and infatuation, that I think are well written enough to be dumped here, in no particular o. Also I think that we always downplay how our romantic encounters (especially when they are categorized as hookup/casual) affect us. Trust me, I am a professional at hiding the fact that intimacy terrifies me with a “Nah it’s just casual you know, no strings attached”. All an act, give me an Oscar. Nothing is impactless, and I like to hope that behind the scenes everybody is moved as much as I am. Enjoy.
Embrasser les yeux ouverts
Je me suis toujours sentie comme en dehors, à l’extérieur. J’ai souvent tenté d’expliquer me sentir comme derrière une vitre avec les choses de la vie. Comme un observateur qui voit tout mais ne participe pas à l’action, qui tient une distance polie, une distance curieuse, une distance qui laisse la place à l’imagination. Pour moi, la distance c’est avant tout l’espace du fantasme, c’est l’espace qui rend les choses belles. C’est comme quand on embrasse quelqu’un pour la première fois. Quand la danse de séduction commence, on se trouve beau. Chaque touché est électrique, chaque moment ou l’être désiré est en dehors de notre champ de vision, on se souvient de son visage devenu parfait, de son sourire qui nous transporte. Puis l’on s’embrasse pour la première fois. J’ouvre généralement les yeux un peu avant l'impact pour avoir à chaque fois le vertige. L’angle si intime du visage de l’autre, déformé par la proximité, ou peut être qui s’offre dans sa plus grande réalité, laisse toute son altérité prendre l’espace, et ne me laisse plus aucun choix que d’accepter sa vision peu flatteuse - personne n’est beau de si près. L’instinct est ensuite de fermer les yeux, c’est en partie oublié, le fantasme reprend.
J’ai construit mon identité d’adolescente et de jeune adulte dans la recherche constante d’une esthétique dont j’avais les codes, car ma grande sensibilité m’a poussé me persuader qu’à distance raisonnable, on pouvait tordre la réalité pour que tout ne nous éclate pas constamment en pleine figure. Cette manière, pourtant immature, de voir le monde, a fait battre mon coeur de la fin de mon adolescence à mes 25 ans. J’aimerais retranscrire la fougue de l’amour passionnel que j’ai voué au beau et caresser mon entrée dans l’âge adulte. Alors j’écris ces idylles qui ont rythmé ma vie, ces moment à observer le beau puis à éprouver la violence qui vient avec sa confrontation avec la réalité, constamment tiraillée entre deux forces contraires. C’est la distance qui rend les choses belles quand le fantasme nous fait rêver un rapprochement. Abolir cet espace suppose de lever le voile sur la réalité, toute crue. Peut être qu’entrer dans la vie d’adulte, c’est apprendre aimer s’embrasser les yeux ouverts.
La ville
Parfois je reviens à Paris et revoir mes quartiers me donne le vertige. Peut-être que c’est pour cela que j’ai dû partir, que nous partons tous. Pour éviter de marcher sur le béton chargé du passé, pour éviter ses émotions cachées dans les murs qui vous prennent à la gorge au détour d’une rue. Celles qui vous rappellent le temps qui passe. Paris était mon premier amour, l’espoir de l’aventure exaltante, la promesse d’un bonheur inconnu qui ne semblait pas exister là d’où je viens, la certitude d’enfin trouver ma place. Paris m’a brisé le coeur.
Une lettre d’amour
Je t’écris tout ce que je n’arrive pas à te dire. J’ai l’impression de m’être imprégnée de toi comme les grands écrivains ont décrit les obsessions de Cyrano pour Roxane ou l’amour de Phèdre pour Hypollite (l’orthographe et le côté mi incestueux transgressif en moins). Mais je n’y peux rien, je n’ai pas encore compris pourquoi je fonctionne comme ça. Un jour, je croise un regard, je capte une énergie qui me tétanise, puis je sombre dans l’obsession.
Je dis sombrer, mais c’est moins triste que ça en a l’air. Quand je suis avec celui qui devient l’objet unique de mon désir (toi donc, oui toi!), je m’embrase, tout s’allume. Les couleurs vibrent et chantent, Paris et Londres s’illuminent, mon esprit ne me regarde plus, il contemple l’absolue œuvre d’art qui a croisé mon chemin. Toi, tu es aussi vivant que A. Jittersbrurg, lumineux comme un Klimt, c’est comme si Summertime de Jackson Pollock s’était matérialisé. C’est peut être ça la beauté des toiles de maîtres. Elles créent l’énergie qui donne naissance aux à ceux qui les personnifient. Alors voilà, la qualité de ma plume n’égale que la médiocrité de mon manque de courage quand il s’agit de te parler, mais je souhaitais te dire que je t’admire beaucoup. Cette aisance avec laquelle tu emportes les salles (un charisme que je t’envie), la lumière de ton sourire, ta manière d’être le plus bel être humain sur terre avec grâce, sans effort. Je t’admire comme une rivière de diamant ou un animal sauvage - avec distance et prudence. J’ai peur du bordel que tu mets dans ma tête sans même t’en rendre compte. J’ai peur parce que je me sens tellement gauche.
Si je pouvais tout exprimer sans crainte, je te dirais que je veux tout savoir de toi, que je veux me réchauffer sous ton soleil, que je veux partager toutes ces choses que j’aime avec toi, dans mon esprit tu les aimes aussi. Dans mon esprit tu es aussi troublé que moi. C’est dans mon esprit, c’est parfait dans mon esprit. La perfection construite qui me force au silence et à l'immobilisme.
Loin
Et alors qu’il était entré chez moi, tout m’était revenu et la sensation de son corps contre le mien perdurait, comme tatouée partout où ses mains m’avaient touché, attrapé, caressé, rassuré. Depuis, je portais son souvenir sur moi.
Ne pas pouvoir le toucher avait été une torture. Lui, si vivant sous mon épiderme et de concert si loin, hors de portée, comme si l’espace qui nous séparait sur mon sofa était infini. Ma tête a cessé de fonctionner. J’ai pourtant entendu quelques mots qui ont froncé mes sourcils, une ou deux excuses maladroites, mais surtout j’ai cru entendre l’écho de l’intensité du temps que nous avions passé ensemble. Notre intimité d’alors, la nostalgie (j’aime à le croire), peut-être la rancœur. Et pourtant toujours cette distance, cette béance tragique et insurmontable qui m’a empêché de lui tendre la main, quand j’en crevais d’envie.
Elle s'en va
Et alors que mon tumulte sentimental, habituellement si houleux, était depuis quelques jours d’un calme surprenant, je m’interrogeais sur qui j’étais en dehors de ma perpétuelle détresse amoureuse. La douleur, le manque de l’autre, le désir si puissant qui me ronge pourtant depuis longtemps, trouvant toujours un nouvel accusé contre qui lutter jusque dans mes rêves, avait pris ses cliques et ses claques du jour au lendemain. Pire, il était parti lorsque j’étais seule, me laissant dans le silence angoissant de mes pensées, qui, faute de pouvoir crier leur désespoir vain à un objet de désir inatteignable se terraient dans un mutisme hébété. Je ne regrettais personne. Je ne rêvassais plus au passé et à ses instants de tendresse volés. Je n’imaginais plus une rencontre future, je n’étais plus endolorie par la trahison, le deuil d’une histoire qui n’aura pas lieu. J’étais comme debout dans cet espace sentimental, plus une feuille vierge mais un retour à la ligne prometteur, un point virgule qui marquait une respiration, le départ. Pour la première fois depuis des années je n’étais plus meurtrie par défaut et je n’avais aucune idée de comment j’avais réussi à tourner toutes ces pages
Mad Love



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